Photo DNA/Laurent RÉA
Article paru dans les DNA :

C’est officiel depuis le 21 mai  : les tests sérologiques de diagnostic du Covid-19 signés Biosynex ont obtenu l’homologation sans restriction du Centre national de référence (CNR) et sont jugés fiables par le ministère de la Santé. «  Nous sommes aussi performants que des mastodontes comme Roche ou Biomerieux !  », se félicite Larry Abensur, PDG de la PME de quelque 200 salariés installée au parc d’innovation d’Illkirch-Graffenstaden.

Une quarantaine de personnes sont aujourd’hui dédiées à l’assemblage des tests sur le site d’Illkirch.

Mais l’entreprise n’a pas attendu l’obtention de ce «  label qualité  » pour répondre à la très forte demande française et européenne et se réapproprier la production. «  Jusqu’ici, nous fabriquions à Illkirch des petites séries de tests à haute technicité et haute valeur ajoutée, comme les tests de rupture de membrane fœtale ou les tests du tétanos  », retrace le PDG. Les gros volumes étaient importés de Chine, auprès du partenaire industriel historique de l’entreprise.

L’émergence de la pandémie a rebattu les cartes, l’entreprise faisant face à une demande colossale et souhaitant s’affranchir le plus possible du sourcing asiatique. «  Nous sommes en train de reconstituer une filière  », résume Larry Abensur, qui a très vite misé sur une relocalisation de la production.

C’est en partie chose faite depuis la mi-mai, dans une salle à température et hydrométrie contrôlées désormais dédiée à l’assemblage semi-automatisé de tests de diagnostic du Covid-19. Opération de découpe et positionnement des cartes, «  clipsage  » des cassettes, scellage des conditionnements  : une quarantaine de personnes réparties en deux équipes sont assignées à ces tâches, avec l’aide de nouvelles machines encore marquées d’idéogrammes chinois.

«  La ligne a été découpée en opérations manuelles simples pour permettre une forte employabilité  », explique le directeur industriel Gaël Lévy, qui a fait appel à l’entreprise strasbourgeoise de travail temporaire d’insertion Ovalie. L’entreprise entend à court terme doubler cette production semi-automatique et ajouter des équipes de nuit, donnant lieu au total à une centaine d’embauches.

En parallèle, Biosynex a investi 1, 3 M€ (million d’euros) dans un automate de production qui rentrera prochainement en action et prépare au sein même des locaux existants, moyennant un investissement de l’ordre de 2, 5 M€, l’aménagement de 200 m² de salles à humidité contrôlée sur trois niveaux. Autant d’investissements qui devraient permettre à l’entreprise d’atteindre une production «  maison  » de quelque 4 millions de tests mensuels à partir de septembre. Auxquels s’ajoutera la production réalisée par un sous-traitant lyonnais, qui monte lui aussi progressivement en puissance.

Consacrés au Covid-19 pour le moment et tant que ce sera nécessaire, ces nouveaux équipements pourront par la suite être assignés à la production d’autres tests, du VIH par exemple. «  Ce n’est pas de l’argent perdu. C’est une manière de renforcer notre compétitivité face aux Chinois  », insiste le PDG. La crise du coronavirus aura ainsi permis à Biosynex d’accélérer drastiquement sa croissance. En 2020, son chiffre d’affaires pourrait dépasser les 100 M€, contre 35 M€ en 2019.

Biosynex exporte actuellement les trois quarts de sa production de tests de diagnostic du Covid-19, en Europe, au Maghreb et au Moyen Orient notamment. Mais le marché domestique, qui s’établit entre 200 000 à 300 000 unités par mois actuellement, pourrait encore progresser si les tests accédaient au statut de test rapide d’orientation diagnostique (Trod) et n’étaient plus limités à une utilisation en laboratoire.

«  Si, demain, un arrêté permet aux pharmaciens et médecins de procéder à ces tests, nous aurons une demande de 1 à 2 millions de tests par mois  », pronostique Larry Abensur, qui lorgne également sur de nouveaux marchés outre-Atlantique.